L’héritage religieux du droit en Europe.

Contre toute évidence historique, philosophique et sociologique, les racines chrétiennes de l’Europe ont fait l’objet, ces derniers temps, de débats et polémiques au sein des organes dirigeants de l’Union européenne ainsi que des opinions publiques de certains pays de l’Ouest du Continent.

D’aucuns se sont ingéniés à vouloir opposer le christianisme à la laïcité en vue d’assurer à celle-ci la suprématie absolue dans le projet de nouveau traité – abusivement appelé « Constitution » – de l’Europe des Vingt-Cinq.

Pourtant, tout comme l’histoire, les arts ou la littérature, le droit y est lui-même profondément marqué par l’héritage religieux tant il a été façonné dans ses concepts et son évolution par le christianisme. A maints égards il continue, aujourd’hui encore, à traiter des questions religieuses jusques et y compris dans les Constitutions nationales de la plupart des Etats adhérant à l’Union européenne.

Dans leur phobie du religieux, les partisans du monopole laïque n’ont pas vu que c’est précisement par la mention de l’héritage chrétien dans le traité qu’ils auraient pu trouver une meilleure garantie contre les velléités de remise en cause de cette distinction entre le temporel et le spirituel à laquelle tous les Européens sont légitimements attachés et qui puise son origine dans l’Evangile du Christ lui-même.

En s’y refusant, la nouvelle Europe politique n’a pas su relier son avenir à son passé, sa solidarité à son identité, ni sa transition à sa tradition. En reniant une part notable de son héritage, elle a rejeté une partie importante de ses héritiers.